Comme si c'était hier

by - dimanche, novembre 13, 2016

il y a un an, tout a basculé pour nous. la guerre n'a jamais été aussi proche de nous tous. avant, je regardais les informations en voyant ces pauvres civils fuir leur(s) conflit(s). laissant tout derrière eux pour (re)commencer une autre vie ailleurs, loin de leurs repères, loin de tout. j'ai de la chance de dire que je n'ai pas connu la guerre et j'ignore encore quel est le son d'une bombe ou même d'une arme à feu. et j'espère que je n'aurais pas à entendre ses sons qui renvoient souvent à la mort. pourtant, eux l'ont vécu, en une soirée la capitale a été plongée dans une nuit affreuse. 


notre soirée du treize novembre, je m'en souviens comme si c'était hier. et je ne le savais pas encore mais ce fut ma dernière semaine de grossesse. un bébé qui a senti ma peur. on était bien en cette douce soirée, au restaurant sur l'île saint-louis, notre dernière soirée à deux, loin de s'imaginer qu'il allait se passer des attentats. j'étais si heureuse que pour une fois, j'avais prévenu mes parents de cette sortie. on ne pensait qu'à cette canaille qui était déjà programmée pour la fin du mois. le repas fut succulent. puis nous sommes rentrés en métro. et là nous avons vu beaucoup de voitures de police foncées à vive allure partout. jusque là rien de très surprenant, cela arrive chaque jour à paris. sauf que vu le nombre, je me souviens d'avoir dit à l'amoureux :"là je pense que c'est grave." mais grave à quel point ? je m'imaginais une simple bagarre qui aurait dégénérée. et là, je vois quelques appels manqués de ma famille, le truc qui n'arrive qu'en cas de gros problèmes. j'ai tout de suite pensé à ma grand-mère et dans ma tête c'était "merde, il lui est arrivé quelque chose." je rappelle évidemment un peu stressée et ma sœur me dit "mais t'es où, t'es où ?", "dans le train, on arrive chez nous dans six minutes." entre temps, j'ai eu ma maman qui me dit "cela a explosé à saint-denis" et là totalement pétrifiée, je dis à l'amoureux "ça pète au stade"... il a été sur twitter. et on a plus ou moins compris. on est vite rentrés. tout le monde en parlait dans les rues. on ne s'est pas couché. 

et dans les jours qui ont suivi, j'ai vu la détresse des personnes tentant de retrouver leur(s) proche(s), les photos s'afficher des disparus et la tristesse. j'ai beaucoup parlé à ce bébé dans mon ventre. je lui ai tout dit. je n'ai pas eu peur de donner la vie.

mais parfois je regrette de l'avoir fait. on parle quelque fois de ce qu'il se passe. je veux qu'elle sache. elle est née une semaine après. même si j'ai moins pensé à cette soirée, je n'ai rien oublié. je pense sans cesse à toutes les victimes (in)directes d'ici et d'ailleurs.

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